mardi 20 avril 2010

Le don

Vous donnez bien peu lorsque vous donnez de vos biens. C’est lorsque vous donnez de vous-même que vous donnez vraiment.
Car que sont vos biens sinon des choses que vous gardez et surveillez, de crainte de vous trouver demain dans la misère ?
Et demain, qu’apportera demain au chien tellement prudent qu’il enterre sans repères des os dans le sable, tandis qu’il suit les pèlerins vers la ville sainte ?
Et qu’est ce que la crainte de la misère sinon la misère elle-même ?
La peur de la soif quand votre puits est plein, n’est-ce pas une soif inextinguible ?
Il y a ceux qui ont beaucoup et qui donnent peu – et comme ils en attendent de la reconnaissance, ce désir caché dégrade leurs dons.
Et il y a ceux qui ont peu et qui donnent tout.
Ceux-ci ont foi dans la vie et dans la générosité de la vie, et leur coffre n’est jamais vide.
Il y a ceux qui donnent avec joie, et cette joie est leur récompense.
Et il y a ceux qui donnent avec peine, et cette peine est leur baptême.
Et il y a ceux qui donnent sans éprouver de peine à donner, sans y chercher non plus ni joie ni conscience de leur vertu ; Ils donnent comme là-bas, dans la vallée, le myrte exhale son parfum dans l’air.

C’est par leurs mains que Dieu parle et par leurs yeux qu’Il sourit à la terre.

Le Prophète - K. Gibran

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