Par crainte du monde et des autres, on s’imagine qu’en se retranchant à
l’intérieur d’une bulle, celle de l’ego, on se protège de la souffrance.
C’est une illusion. Quand on ne se préoccupe que de soi, on est obsédé
par ses succès, ses échecs, ses espoirs
et ses inquiétudes : le bonheur a alors toutes les chances de nous
échapper. La moindre contrariété nous perturbe, nous décourage. Le monde
étroit du moi est comme un verre d’eau dans lequel on jette une poignée
de sel : l’eau devient imbuvable. Si, en revanche, on brise les
barrières du moi, et que l’esprit devient semblable à un vaste lac, la
même poignée de sel ne changera rien à sa saveur. Lorsque le moi cesse
d’être considéré comme la chose la plus importante au monde, on se sent
plus facilement concerné par les autres. S’affranchir de l’ego ne
revient pas à extirper le cœur de notre être, mais à ouvrir les yeux.
Matthieu Ricard
Matthieu Ricard
1 commentaire:
L'ego est l'obstacle à l'entente et à l'amour entre les êtres humains; c'est la grenouille qui gonfle, qui gonfle, et qui, enfin éclatée, nous libère de notre plus redoutable ennemi. Nous sommes alors nous-mêmes, avec nos fragilités, enfin accessibles à une vision humaine et accueillante de l'Autre.
Enregistrer un commentaire