mardi 5 juin 2012

L'ego

Par crainte du monde et des autres, on s’imagine qu’en se retranchant à l’intérieur d’une bulle, celle de l’ego, on se protège de la souffrance. C’est une illusion. Quand on ne se préoccupe que de soi, on est obsédé par ses succès, ses échecs, ses espoirs et ses inquiétudes : le bonheur a alors toutes les chances de nous échapper. La moindre contrariété nous perturbe, nous décourage. Le monde étroit du moi est comme un verre d’eau dans lequel on jette une poignée de sel : l’eau devient imbuvable. Si, en revanche, on brise les barrières du moi, et que l’esprit devient semblable à un vaste lac, la même poignée de sel ne changera rien à sa saveur. Lorsque le moi cesse d’être considéré comme la chose la plus importante au monde, on se sent plus facilement concerné par les autres. S’affranchir de l’ego ne revient pas à extirper le cœur de notre être, mais à ouvrir les yeux.

Matthieu Ricard

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'ego est l'obstacle à l'entente et à l'amour entre les êtres humains; c'est la grenouille qui gonfle, qui gonfle, et qui, enfin éclatée, nous libère de notre plus redoutable ennemi. Nous sommes alors nous-mêmes, avec nos fragilités, enfin accessibles à une vision humaine et accueillante de l'Autre.